Lundi 20 octobre 2025

Une facon de rationner les soins aux patients


Depuis la creation de Sante Quebec, le gouvernement a donne aux ministeres le mandat de diminuer leurs depenses, y compris au ministere de la Sante et des Services sociaux.

Or, au lieu de couper dans le gras de la machine administrative, les fonctionnaires ont decide de faire ces coupes sur le dos des patients quebecois et de rationner encore davantage l’acces aux soins au Quebec.

Plus specifiquement, les compressions ont ralenti le processus d approbation des innovations pharmaceutiques, ce qui allonge considerablement les delais d inscription a la liste des medicaments de la Regie de l assurance maladie du Quebec (RAMQ).


Entre les differents stades d essais cliniques (9 a 13 ans), d approbation de Sante Canada (10-11 mois), d approbation de l Institut national d excellence en sante et en services sociaux (INESSS) au Quebec et de negociation des prix, l attente pour avoir acces aux nouveaux medicaments est tres longue.

Au Quebec, la derniere etape apres toutes les evaluations et negociations consiste a inscrire le medicament sur la liste de la RAMQ, qui n est mise a jour que neuf fois par an. Et c est a cette etape que les fonctionnaires ont choisi de couper.

Entre 2012 et 2023, ce sprint final prenait en moyenne 44 jours⁠. Il s agissait de la meilleure performance au pays. Entre fevrier et juin 2025, par contre, le nombre de nouveaux medicaments inscrits a chute de facon spectaculaire.

La mise a jour de fevrier n a mene qu a deux inscriptions. Celle de mars en comptait seulement quatre. Comparativement, la mise a jour de decembre 2024 comptait sept ajouts.

Alors que le Quebec etait historiquement reconnu pour la rapidite de ce processus par rapport aux autres provinces, la province est devenue l un des cancres au cours de la premiere moitie de 2025. Dans certains cas, il a fallu attendre plus de six mois avant que des medicaments surs et efficaces ne soient ajoutes a la liste.

Des patients en attente
Pourquoi est-ce un enjeu important   Parce que les patients en attente d innovations pharmaceutiques, comme ceux atteints de cancer, dependent de ces nouveaux traitements.

Les nouveaux medicaments doivent deja passer par un processus tres long avant d etre rendus disponibles a la population et couverts par le regime d assurance public.

En allongeant ces delais, les fonctionnaires restreignent le nombre de medicaments couverts. Il s agit d une facon de realiser des economies, mais egalement de rationner les soins offerts aux patients.

Bien que les mises a jour de juillet et aout aient compte un plus grand nombre d’inscriptions, ce serait une grave erreur d’ignorer ce qui s’est produit pendant la premiere moitie de 2025.

Afin de faire des economies sur les innovations pharmaceutiques jugees couteuses, l’acces aux nouveaux medicaments a ete restreint, et ce, sur le dos des patients, pendant plusieurs mois.

Pendant cette periode, une proportion relativement plus importante de medicaments generiques et biosimilaires a ete ajoutee a la liste, encore une fois dans le but de reduire les depenses en medicaments. Les patients qui avaient besoin de medicaments innovants, eux, ont du continuer d attendre en esperant qu ils soient enfin couverts.

Egalement, des medecins informes de l arrivee imminente de medicaments novateurs ont ete contraints d utiliser des traitements moins adaptes pour leurs patients, lesquels necessitent plusieurs visites a l hopital.

On peut penser au Pluvicto, par exemple. Il aura fallu sept mois au gouvernement du Quebec pour accepter de rembourser ce medicament prometteur⁠ contre le cancer de la prostate.

Pendant ce temps, des patients ont vu leur etat se deteriorer et leur prise en charge se complexifier.

Au final, il s agit d economies de bouts de chandelle qui comportent plus de risques que de benefices. Retarder l acces aux medicaments novateurs risque de couter bien plus cher au systeme de sante que si les nouveaux medicaments avaient ete inscrits et couverts par la RAMQ dans les delais normaux.

Et les couts ne sont pas seulement financiers, mais aussi humains.

Avoir un meilleur controle sur les depenses publiques afin de revenir eventuellement a l equilibre budgetaire est important, mais ce n est pas en le faisant sur le dos des patients que nous y parviendrons.